Extrait du film culte Tampopo relatant les aventures d’une veuve qui reprend un restaurarant de nouilles pour s’en sortir avec son fils.
Le maître étudia les nouilles pendant plus de 40 ans. Il m’apprenait la façon correcte de les manger.Â
« Mange-t-on d’abord le soupe ou d’abord les nouilles ? » demande l’élève au Maître.
« D’abord, tu examines le bol dans son ensemble. Avec soin, tu observes le bol et apprécies son apparence. Savoure les arômes, apprécie les perles de graisse étincelant à la surface, la brillance des pousses de bambou, les algues qui sombrent peu à peu, les oignons flottant fièrement, et surtout, vedettes incontestables mais modestes : les trois tranches de porc rôti … D’abord, du bout des baguettes soigneusement tu en caresses la surface. Pour leur exprimer tout ton amour. Puis tu diriges tes baguettes vers le porc. On ne fait que l’effleurer, comme en compatissant … Le saisissant lentement, tu le trempes dans bouillon, à la droite du bol. Ici, le plus important est de s’excuser auprès du porc en murmurant « A tout à l’heure ! » Puis on commence par les nouilles. A cet instant, tout en aspirant les nouilles, tu fixes intensément le porc. Là aussi, un regard amoureux. »
Le maître prit une pousse de bambou et mastiqua avec application. Puis il prit une pincée de nouilles, tout en mâchant ses nouilles, il reprit une pousse de bambou. Il sirota enfin le bouillon en trois brèves lampées. Se redressant lentement, s’emparant résolument d’une tranche de porc, il la frappa délicatement sur le bord interne du bol.
« Maître, pour quoi faire ? »
« Eh bien pour l’égoutter ! »